lundi 14 mai 2012

Georges Rouault – Acrobate – vers 1913.

Hier au bar, j'ai rencontré un homme particulier. Il était à la fois bon et mauvais, il m'avait tellement intrigué que je ne pus m'empêcher de lui demander « Racontez-moi votre histoire s'il vous plaît, M'sieur ! » Il me la conta et j'en restai là. En ressortant du bar, plein de tristesse, je repensai à ce qu'il m'avait dit : « Tu sais petit, l'alcool et les bars, ça te ruine, ça fait de toi une éponge ou un pauvre porc, regarde- moi, regarde mon nez, qu'est-il devenu ? Un pauvre groin insignifiant abritant le démon qu'est l'alcool, et désespérément j'essaye de m'en défaire ! » Ensuite, je repensai au pourquoi, le pourquoi de l'alcool. Il est vrai que chacun ne connaît pas les misères de la vie. Cet homme les avait vécues. « Mon petit, si un jour te promenant dans de sombres ruelles, tu découvres une rue bleue sur le coin d'une autre rue grise, retourne IMMEDIATEMENT chez ta mère, quitte cette rue, ta balade ne t'apporterait que des ennuis ! » Intrigué, je lui demandai, naïf : « Qu'y a t-il dans cette rue ? » L'homme répondit : « Si je te le dis, tu le répéteras pas, hein ? » « Promis ! » « C'est le club des acrobates » Incrédule, je répliquai « Et alors ? » Mais l'homme s'évanouit, vidant sa dernière chope, qui lui servira également d'urne funéraire posée sur une modeste poubelle, oublié de tous dans la misère. Je ressortis donc plein de tristesse et aussi de pensées. En rentrant chez moi, je vis un mur bleu situé à proximité d'un coin gris, je m'en approchai, le touchai et un désir intense de boisson me pénétra. J'avais oublié quelque chose d'important, je devais revenir chez quelqu'un immédiatement ! Revenir où ? Mais oui ! Au bar ! J'y revins et là, je fus applaudi en entrant par une dizaine de gens, le barman s'approcha de moi, dans une tenue de trapéziste, une chope à la main, et tout fut fini.

François Vagman

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