Bernard Réquichot - Dyptique - 1959
Cela fait à peine trois jours que je découvre ce monde qui, au début me
semblait si anodin. Bien entendu, je me trompais lourdement. Au moindre
de mes pas, je me posais la question de savoir si celui-ci me mènerait
en Enfer, ou bien justement au Paradis. Je dois maintenant l'admettre,
l'endroit n'a rien de comparable à ce que l'on peut aisément rencontrer
sur Terre, d'ailleurs ce monde je commence à le regretter, et cela du
plus profond de mon être...
Ici, nulle clarté n'existe, seule la
pénombre rode avec son œil noir qui observe ce lieu en quête d'une
quelconque erreur. Les journées sont assez longues, mais davantage
passionnantes. Sur mon chemin, je croise des choses totalement
indescriptibles. Celles que l'on voit le plus souvent sont de formes
diverses, mais en aucun cas semblables à ce que je connais, les couleurs
dans cet univers sont uniques, car il est parfaitement impossible de
leur trouver le moindre sens. Et j'observe ces choses parsemées sur un
sol noir. Je constate qu'autour d'un même centre, elles se trouvent et
tournoient à leur propre guise, même s'il y en a plusieurs de ces
noyaux.
Il m'a fallu beaucoup de temps, certes,
mais j'ai fini par découvrir la logique, pourtant enfantine, de cet
univers semblant être tout à fait parallèle au nôtre. La base, ce qui
soutient tout ce que l'on peut admirer est en réalité l'Esprit. Ces
figures biscornues ne sont que les idées que l'on se fait des gens, ou
simplement de la société dans laquelle on vit. Et pour conclure, ces
multiples centres sont juste les préjugés desquels on se convainc.
Notre esprit est en réalité forgé par
l'Homme, par ce qu'il pense à vrai dire. L'esprit n'a guère d'âme, c'est
uniquement une copie de celui des autres. Car, pour plaire
complètement, on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour ne pas
différer.
Céleste ROELS 3B
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